Certains territoires présentent des singularités qu'il convient de prendre en compte lors de la valorisation des terres excavées.

Procédure de gestion des terres excavées adaptée au territoire martiniquais

Un groupe de travail piloté par la DEAL Martinique et le BRGM a mis au point une méthode adaptée au territoire de la Martinique pour prendre en compte le contexte de pollution historique à la chlordécone. 

La méthode proposée consiste à réaliser une levée de doute pour savoir si le site d’excavation relève ou non de la méthodologie nationale de gestion des sites et sols pollués. Les possibilités de valorisation des terres excavées dans des projets d’aménagement ou agricoles et d’élimination en installation de stockage de déchets sont ensuite évaluées selon la réglementation et les guides méthodologiques en vigueur mais aussi en fonction de la teneur en chlordécone dans ces terres. Plusieurs valeurs-seuils en chlordécone ont été définies pour orienter la gestion des terres excavées.

Teneurs en chlordécone des sols analysés en Martinique

Teneurs en chlordécone des sols analysés en Martinique

© DEAL Martinique

Pollution des sols par la chlordécone en Martinique

Vous trouverez sur le site de GéoMartinique une cartographie interactive , ainsi qu'une cartographie au format jpeg en A3,  qui présentent l'ensemble des analyses qui ont été effectuées dans le sol de la Martinique, résultant des différentes démarches, et de différentes institutions : agriculteurs, services de l'Etat, instituts de recherche.

Il existe 3 catégories de cultures selon leur sensibilité à un sol pollué, c'est-à-dire le risque de contamination des denrées consommées :

Cultures très sensibles : Les légumes-racines et tubercules sont très sensibles au transfert de chlordécone, car la partie consommée se développe entièrement dans le sol. La contamination par contact est prédominante. En raison de cette forte sensibilité, il ne faut pas cultiver les légumes-racines et tubercules (ignames, patates douces, carottes, poireau, radis, navet...) sur des sols pollués au-delà de 0,1 mg de chlordécone/kg de sol sec car il existe un risque de dépassement de la LMR dans les denrées.

Cultures sensibles : Pour les productions maraîchères poussant en contact avec le sol, les parties consommées sont en contact partiel avec le sol et risquent d’être contaminées au-delà du seuil réglementaire acceptable, dit limite maximale de résidus (LMR). Il existe un risque de dépassement de la LMR sur les parcelles dont la teneur en chlordécone est supérieure à 1 mg de chlordécone par kg de sol sec. C’est le cas des cucurbitacées (concombre, giraumon... sauf la christophine palissée) et d’autres cultures comme la canne à sucre pour le jus , la cive et la laitue.

Cultures non sensibles : Les productions maraîchères poussant sans contact avec le sol, les arbres et arbustes, sont peu, voire pas sensibles au transfert de chlordécone vers les parties consommées. Les cultures fruitières arbustives (agrumes, goyave, papaye, banane...) et les cultures maraîchères sans contact direct avec le sol (choux, tomates, pois...) peuvent être conduites sur toutes les parcelles, quelle que soit la teneur en chlordécone du sol sans risque d’être contaminées au-delà du seuil réglementaire acceptable, dit limite maximale de résidus (LMR).

Pour l’élevage, tout sol contaminé, même à un niveau très bas, est susceptible de contaminer la viandes, les abats, le lait, les œufs. Il est par conséquent, fortement déconseillé de pratiquer un élevage de plein air sans avoir connaissance de la pollution du sol. Cependant, toutes les espèces élevées peuvent se décontaminer après une période pendant laquelle ils ne sont plus exposés (sol, fourrage, eau). Cette période va de quelques semaines pour les volailles à plusieurs mois pour les bovins. On peut ainsi décontaminer les animaux avant abattage ; par contre pour les œufs et le lait, l’élevage doit se faire obligatoirement sur terrain sain.

Le protocole pour la valorisation des terres excavées en milieu agricole à La Réunion

Un groupe de travail a été mis en place en 2021 à La Réunion sur la thématique de la valorisation des terres excavées. Son objectif est d'aboutir à la rédaction d'un protocole. Ce protocole exposera les règles de l’art et les modalités selon lesquelles les terres excavées issues de chantiers du BTP peuvent être valorisées, hors site de production, en milieu agricole à La Réunion et ce, dans une optique de développement durable, de protection des populations et de l’environnement. Le protocole proposera ainsi une démarche volontaire basée sur un conventionnement entre entreprise productrice des terres et aménageur agricole, pour permettre la valorisation des terres de chantier en aménagement sur un terrain agricole.

Carte pédologique simplifiée de La Réunion

Carte pédologique simplifiée de La Réunion

© BRGM

Carte pédologique simplifiée de La Réunion

Afin de faciliter la valorisation des terres excavées en milieu agricole à La Réunion, le BRGM a utilisé la carte des sols de l’île afin de découper le territoire en secteurs homogènes d’un point de vue pédologique. Cette carte permet de distinguer 12 unités pédologiques principales aux propriétés mécaniques, physico-chimiques et biologiques variables sur le territoire. Ces propriétés dépendent de la géologie initiale mais également des conditions climatiques, du milieu, de l’orographie et du type de couverture végétale.

A ces unités pédologiques s'ajoutent le découpage du territoire en grands secteurs géographiques : Nord, Est, Sud, Ouest, Les Plaines, Les Cirques. Ces grands secteurs disposent de caractéristiques géomorphologiques, géologiques, et climatiques propres. 

L’apport de terres excavées d’un site producteur (chantier) à un site receveur (agricole), quel que soit l’usage en aménagement ou en supports de culture, est ainsi limité aux zones de même nature pédologique (même unité) au sein d’un même secteur géographique.

Cette carte est disponible sur l'application TERRASS.